La Bible de l'Islamisme

La Bible de l'Islamisme


La politique selon la charia, pour l'édification du gouvernant et du gouverné, le titre de l'opuscule du théologien syrien Ibn Taymiya (Mort en 1328) est déjà tout un programme. Ecrit ve rs 1311-1315, l'ouvrage est, pour l'islamiste, ce que le Que faire ? de Lénine a été pour le communiste : manifeste doctrinal, réquisitoire social et projet rédempteur.

Disciple d'Ibn Han bal (Mort en 855), lequel est considéré comme le père de l'intégrisme musulman, Ibn Taymiya a su rendre accessible au croyant moyen la pensée de son précurseur. Ibn Hanbal, qui a initié le rite le plus rigoriste du sunnisme, s'est insurgé contre la pensée rationaliste de Bagdad, au nom d'une lecture au pied de la lettre du Coran.

Né au nord d'une Syrie soumise au joug mongol, Ibn Taymiya a adapté le hanbalisme à la situation pour en faire une doctrine de combat sans merci contre le Mal, à l'intérieur comme à l'extérieur de la Oumma.

Ainsi en est-il venu à hisser le jihâd, la «guerre juste», en «pilier» suprême de l'islam, bien au-dessus du jeûne de ramadan ou du pèlerinage à La Mecque !

Lorsque la Maison de l'Islam est en danger, plaide-t-il, l'effort de guerre doit primer sur la piété et le culte. Accusé par le pouvoir musulman d'être un agitateur hérétique, Ibn Taymiya a passé le plus clair de son existence en exil ou en prison. Mis hors la loi par le califat ottoman , le credo du turbulent Syrien sera remis en honneur par le cheikh hanbalite Mohammed Ibn Abd al-Wahhab (Mort en1792). Persécuté lui aussi, ce religieux trouve refuge au coeur du désert arabe, où il conclut, en 1744, à Diriya, une alliance avec l'émir Mohammed Ibn Saoud.

La pensée d'Abd al-Wahhab, le wahhabisme, ne fait qu'actualiser celle de son prédécesseur : l'Etat et la Religion sont une seule et même chose ; le pouvoir doit établir la justice, ordo nner le bien, interdire le mal, réaliser une société vouée à l'adoration de Dieu ; rejet de la spéculation intellectuelle, refus de toute innovation.